Assiette

Assiette

Dès la fin du 19e siècle, les manufactures de faïencerie européennes voient apparaître un nouveau type de décors et de formes inspirés de l’art ottoman d’Iznik (ancienne ville de Nicée). Iznik devient un centre de création céramique majeure au 15e siècle, encouragée par la cour de Mehmet II, tant au travers d’éléments mobiliers (vasque, plats, cruche) que sous forme de carreaux destinés à orner les plus beaux mausolées, mosquées et palais d’Istanbul. La faïence d’Iznik est née d’une synthèse des traditions, tant de la céramique byzantine et islamique proche-orientale que des porcelaines chinoises. À ces dernières, elle emprunte cet esthétisme du fond blanc étincelant sur lequel se découpent les motifs richement colorés dans une palette de bleu, de vert et d’un rouge très prisé et nommé « bol d’Arménie ». Cette découverte de la céramique émaillée ottomane et son engouement auprès des cours européennes se fait par le biais d’un voyageur alsacien, Auguste Salzmann. Grand dessinateur féru d’archéologie et de photographie, mais aussi consul de France à Rhodes, il acquiert au cours de ses voyages une collection importante de faïences dites « faïences de Rhodes » en raison de leurs grandes quantités trouvées sur cette île. Elles furent appelées ainsi jusque dans les années 1960-1970 et leur origine attribuée à des potiers persans prisonniers de l’ordre des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem (à Rhodes). Rapidement, l’engouement pour ces pièces se répand auprès du public. La publication, dans les années 1850 de L’encyclopédie des arts décoratifs de l’Orient, par Adalbert de Beaumont et Eugène Victor Collinot, a probablement favorisé ce nouvel esthétisme. La collection de Salzmann sera revendue en 1865 et 1866 à différents musées, dont celui de Cluny. La plus célèbre composition est celle dite « aux quatre fleurs » où se mêlent la tulipe (symbole de l’Empire ottoman), l’oeillet, la jacinthe et l’églantine. Le motif de la rose vient parfois compléter cet éventail floral. Néanmoins, le motif oriental par excellence est celui de la feuille de saz ; une feuille de palme ondulée et dentelée (retrouvée en abondance sur les céramiques d’Iznik). Elle est représentée ici en position centrale, entourée de part et d’autre de tulipes, de pivoines et d’oeillets. Cette composition serait typique du règne de Sélim II : en effet, c’est sous la direction de l’architecte Sinan que ces motifs se retrouvent abondamment illustrés sur les carreaux des monuments édifiés. Or, il existe une étroite corrélation entre les thèmes repris sur les vaisselles et les carreaux de céramiques (voir ATASOY et RABY, Iznik. The Pottery of Ottoman Turkey, 1989). Les motifs de l’aile reprennent la stylisation de vagues, de rochers et de nuages tchi, motif lui-même emprunté à la céramique chinoise. Nombre de manufactures dont celles de Boch Frères Kéramis, Samson, Zsolnay, Cantagalli, mais aussi des céramistes parmi lesquels Théodore Deck et Edmond Lachenal, s’inspireront des oeuvres d’Iznik. Destinées à la bourgeoisie européenne, férue d’orientalisme, ces reproductions iront de la copie conforme, des adaptions voire des réinterprétations, tant dans les couleurs que dans les thèmes. Cette vogue de l’orientalisme apparait à la manufacture Boch dès 1850 avec des grès fins ornés de décors persans. Le style d’Iznik apparait quant à lui dès 1883, avec l’Exposition internationale d’Amsterdam. Ce nouvel esthétisme se reflète dans le catalogue de 1887 qui présente très largement des oeuvres à décor floral composé de tulipes, oeillets, jacinthes et feuilles de saz. Les formes investies vont des plats et assiettes, à des bouteilles, cruches, potiches… Cette production prendra fin au début du 20e siècle. Bien évidemment, la découverte des motifs d’Iznik par les artistes de Boch se traduit par certaines adaptions : si le motif si particulier de la feuille de saz est conservée, nous assistons ici à une débauche de la floralité : tulipes, oeillets, jacinthes et églantines s’entremêlent dans une composition où la symétrie discrète d’Iznik se laissent aller à d’avantage de souplesse. Les rinceaux végétaux s’entremêlent joyeusement et envahissent le plat, rompant tout systématisme.

Dimensions : Diamètre en cm 30,4 Hauteur en cm 6

Matériaux et techniques : Faïence stannifère , Peint


Institution

Keramis
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Collection

Céramique
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Type de ressource
Objet physique
Date de création
XVIIIe siècle
Thèmes
Faïence, Arts décoratifs, Objet lié à l'alimentation, Objet décoratif, Peinture, Ornement à forme végétale, Fleur, Tulipe
Identifiant de l'objet
MAR-KER-CER-BFK01050

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