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Les populations kongophones du Mayombe réalisent des « statues à pouvoirs » de grande taille, portant le nom de minkondi (au singulier : khonde ou nkondi) et souvent appelées abusivement « fétiches à clous ». Dotées d’un pouvoir redoutable, elles intervenaient dans la lutte contre la sorcellerie et la recherche de malfaiteurs. Comme tous les objets magico-religieux (minkisi), les minkondi sont dotés de propriétés ambivalentes et jouent un rôle aussi bien protecteur que maléfique, selon l’utilisation qu’en fait le nganga. Ce responsable du rituel agit sur les forces du nkondi par des rites appropriés. Selon le père Bittremieux qui a récolté la statue au début du xxe siècle en pays Mayombe, le nkondi du Musée de Louvain-la-Neuve portait le nom de mungungu dia kusu, « mangeur de poule ». Les indigènes lui attribuaient le pouvoir d’infliger des maladies et l’homme qui en était la victime ne pouvait plus fermer la bouche et laissait donc pendre la langue. Chaque élément du nkondi du Musée de Louvain-la-Neuve participe à son caractère impressionnant : visage polychrome au regard « blanc », bras droit levé dans un geste menaçant, corps hérissé de pointes métalliques. Les différents stades d’élaboration de ces minkondi étaient ritualisés, depuis le choix et l’abattage de l’arbre, jusqu’au travail du sculpteur qui accordait au visage une attention particulière. Mais la statue ne devenait réellement efficace qu’au moment où le nganga lui donnait un nom, et l’investissait de sa charge magique (bilongo). Celle-ci, dissimulée dans un réceptacle ventral obturé par un miroir, est manquante au nkondi du musée, le privant ainsi de tout pouvoir. Ce nkondi est représenté debout, dans une position frontale et symétrique, hormis le bras droit dressé qui brandissait une arme, aujourd’hui disparue. La tête, surdimensionnée et portée vers l’avant, garde des traces de polychromie et est surmontée d’une coiffure de chef. Les yeux sont sertis de morceaux de verre symbolisant la clairvoyance du nkondi. La bouche ouverte, langue pendante, évoque la pratique rituelle du léchage des clous avant qu’ils ne soient enfoncés dans le corps de la statue pour la mettre en éveil et l’inciter à l’action magique. Le cou, cylindrique et puissant, le corps et le haut des jambes sont criblés de lames métalliques auxquelles se mêlent d’autres éléments : clous, vis, tissu, ficelles, nœuds, etc. L’accumulation de ces objets témoigne de l’utilisation intensive de ce nkondi. Dimensions : 95 x 38 x 24 cm Matériaux et techniques : Bois, métal, verre (1850 (?) - 1914)
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- Type de ressource
- Objet physique
- Date de création
- 1850 - 1914
- Auteurs, contributeurs et éditeurs
- Yombe (peuple). Auteur
- Thèmes
- Art africain, Statue, Sculpture, Bois, Métal, Matériel d'origine végétale, Objet lié aux coutumes et traditions, Religion primitive, Fétichisme, Animisme, Rite, Homme, Magie, Sorcellerie, Couvre-chef, Symbole
- Lieux
- Afrique, Afrique centrale, Congo RD
- Identifiant de l'objet
MAR-LLN-A68
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