Combat naval dans le détroit de Messine

Huys était un graveur, membre de la Guilde anversoise de saint Luc. Il travaille notamment pour les éditeurs de gravures tels Jérôme Cock, Hans Liefrinck (son beau-frère), ainsi que pour Bartholomé De Momper, pour ne citer que les plus connus. Nous ne connaissons de lui aucune peinture, aucun dessin : il est surtout reconnu pour son travail de gravure, de reproduction d’autres artistes dont les plus connues sont celles qu’il a effectuées pour Pieter Bruegel l’Ancien. En effet, son style, la rigueur et la finesse de ses hachures conviennent parfaitement aux jeux d’effets d’ombre et de lumière voulus par Bruegel. Car Bruegel ne pratiqua guère la gravure. Néanmoins, en tant qu’artiste-inventeur d’estampes, il s’est assuré une place notoire dans l’histoire de la gravure, en s’associant avec des éditeurs du renom de Jérôme Cock, lui-même s’assurant la collaboration des meilleurs burinistes de son époque, tel que Frans Huys. Ce dernier devient un traducteur fidèle des dessins de Bruegel. Tout était préparé, prévu et établi de sa main. Contours, hachures, plans, ombres et lumières, tout y était disposé pour permettre au graveur de le suivre et de s’y conformer. Bref, des modèles que l’on pourrait qualifier de gravures dessinées. L’estampe la plus connue et la plus grande gravée d’après un dessin de Bruegel est probablement celle du Combat naval dans le détroit de Messine. Ce détroit connu depuis Homère, anciennement appelé « Phare de Messine » (en italien Faro di Messina), est réputé non seulement pour la force du vent qui y souffle quasi en permanence et par les effets du courant, qui créent des tourbillons dangereux pour les petites embarcations, mais également pour les combats qui y firent rage entre les deux royaumes de Sicile. On y voit des vaisseaux, ballottés sur les flots d’une mer toujours en mouvement, avec un ciel tourmenté par des nuages menaçants ou soumis aux caprices des vents. À l’avant-plan, des navires dont les pontons sont noyés dans la fumée des armes à feu, s’affrontent à coups de canon. Les bateaux gîtent fortement mais on ne sait si c’est à cause de l’âpreté du combat ou bien de celle de la force du vent. L’effet dramatique de la scène est renforcé non seulement par la présence des nuages et par la menaçante colonne de fumée noire qui s’échappe de l’Etna, mais aussi par l’arrivée imminente de deux armadas, l’une de Rezo et l’autre de Messine. Ce qui laisse présager de violents affrontements à venir. Dimensions : 425 x 715 mm Matériaux et techniques : Burin sur papier vergé ancien