Statue Phemba

Statue Phemba

Dans l’ancien royaume Kongo, la matrilinéarité joue un rôle fondamental, la femme assure la pérennité du clan. Les Yombe se disent les fils de la mythique Mbangala, la "mère aux neufs mamelles" dont les neufs filles sont à l’origine des neufs clans du Mayombe. La femme jouit chez eux d’un prestige évident, elle a sa place à côté des hommes dans la vie sociale, politique et magico-religieuse. Mariage et maternité consacrent sa position dans la société. Cette valorisation de la femme-mère explique, en partie, le grand nombre d’effigies de maternités répertoriées au Mayombe. Ces sculptures en bois, à l’origine peintes en rouge avec une décoction tirée du bois de padouk, représentent une mère et son enfant et portent le nom de phemba. L’étymologie de ce terme inciterait à considérer ces statuettes comme des représentations d’une "mère mythique" responsable de la fécondité idéale chez les femmes. Ces figures commémoratives glorifient la perpétuation de la vie. Elles peuvent avoir un rôle conjuratoire tout en symbolisant la fécondité. Elles ont un usage funéraire sans être nécessairement des effigies d’ancêtres, le culte des ancêtres étant assez récent au Mayombe. Ces statuettes étaient posées sur des tombes ou se trouvaient à l’intérieur de cases familiales. Ces deux statuettes sont porteuses de plusieurs concepts typiques de l’univers Kongo : mise en valeur du corps féminin et souvenir de femmes qui ont été des mères fécondes. Le corps de la femme Yombe est le siège des forces vitales et des pouvoirs magiques. Il exprime son pouvoir de procréation par sa forme, ses tatouages et ses gestes. D’un naturalisme étonnant, ces femmes sont présentées dans une attitude hiératique, les enfants posés sur les cuisses sans relation affective avec la mère. Les enfants sont représentés les jambes pliées, ce qui dans la statuaire Kongo signifie que la personne est vivante. La tête de ces femmes est relevée, les yeux en amande sont dirigés vers le haut et l’une des sculptures conserve un regard étincelant grâce à de petits miroirs incrustés dans les orbites. Les lèvres sont finement ourlées et la bouche entrouverte sur de petites dents limées, mutilation qui embellissait les femmes dans la vie courante. Les coiffes en forme de mitre, à la mode au Mayombe, renforcent la notion de beauté. Notons que les deux enfants portent les mêmes coiffes simplifiées. Plusieurs détails sont sculptés avec minutie sur le corps : poitrines aux mamelons bien visibles, cordon d’aisselle, musculature des jambes et pagne polychrome et strié. Divers motifs de scarifications chéloïdiennes couvrent avec symétrie le haut du torse, les épaules et le dos. Les tatouages féminins soulignent la beauté, la fécondité, la position sociale ; ils rendraient la femme séduisante et auraient un rôle érotico-sexuel (MACGAFFEY). Dimensions : 33 x 12 x 11 cm Matériaux et techniques : Bois (1850 (?) - 1914)


Statue Phemba
Statue Phemba

Institution

Musée L
» Présentation  »  Ressources

Collection

Collections permanentes
» Présentation  » Ressources
Type de ressource
Objet physique
Date de création
1850 - 1914
Auteurs, contributeurs et éditeurs
Yombe (peuple). Auteur
Thèmes
Art africain, Statue, Sculpture, Matériel d'origine végétale, Bois, Objet lié aux coutumes et traditions, Religion primitive, Fétichisme, Rite, Animisme, Culte, Magie, Femme, Perle, Maternité, Enfant, Transformation corporelle, Tatouage
Lieux
Afrique, Afrique centrale, Congo RD
Identifiant de l'objet
MAR-LLN-A23

Aidez-nous à décrire ce document !