Masque Tshokwe

Masque Tshokwe

Ce masque d’un type rare et difficile à identifier, comporte un visage étiré, un long nez mince, des yeux suggérés par deux fentes étroites inscrites dans de larges orbites circulaires et creuses, une bouche menue aux lèvres finement ourlées. Hormis la coiffure apprêtée en raphia délicatement tressée, aucune parure ne complète cette tête. M.L. Bastin (1976,1982), a répertorié des masques proches de celui-ci au musée de Tervuren et au Museum für Völkerkunde de Frankfurt/Main. Elle les attribue "au style de l’expansion Tshokwe". Un autre masque du même groupe est conservé au musée L. Pigorini de Rome. Récemment, M.L. Felix et M. Jordan ont consacré une étude aux masques du bassin supérieur du Zambèze (nord et ouest de la Zambie, est de l’Angola, sud de la République démocratique du Congo). Ils considèrent que beaucoup de masques ont été attribués à tort aux Tshokwe. Les similitudes typologiques et iconographiques entre les masques produits par ces nombreuses tribus, notamment Lovale et ceux qui sont produits par les Tshokwe, s’expliquent par l’appartenance à la sphère politique et culturelle de l’empire Lunda. Les Tshokwe, établis actuellement en Angola, au Katanga et en Zambie, accordent une importance particulière aux esprits de la nature et des ancêtres. Ceux-ci sont figurés par des arbres, des statuettes et des masques. Le masque complet, c’est-à-dire la tête, la coiffure et le costume, représente une personne revenue sur terre dans un coin de la brousse. Les Tshokwe possèdent trois types de masques. Le masque sacré cikungu, attribut du souverain, est exhibé en de rares occasions et seuls quelques dignitaires âgés peuvent le voir. Les masques portés lors de l’initiation des garçons sont brûlés dans la brousse à la fin du rite de passage. Enfin, les plus connus sont les masques de danse itinérants, en particulier ceux qui symbolisent un ancêtre masculin ou féminin : cihongo, un homme d’âge mûr, et pwo, une femme mûre, ou mwana pwo, une jeune fille. Les masques pwo sont sculptés selon des normes traditionnelles et présentent certaines constantes stylistiques : ovale parfait du visage, paupières mi-closes, généralement sculptées en relief dans le creux d’orbites larges, nez droit bien dessiné, bouche large légèrement entrouverte, parfois agrémentée de dents taillées en pointe. Des tatouages sont gravés sur la face. Divers ornements et amulettes décorent généralement le visage et la coiffure très élaborée, en véritables cheveux ou en raphia tressé. Selon la tradition orale, ce personnage féminin de statut noble est censé apporter la fécondité aux spectateurs. Jadis, il représentait une femme mûre ayant prouvé sa fertilité en ayant un enfant. Plus récemment, peut-être sous l’influence européenne, il symbolisa une jeune-fille et l’espérance d’une nombreuse descendance. Les femmes doivent pourtant observer la danse à distance et ne peuvent en aucun cas toucher le masque, sous peine de sacrilège. Le masque est toujours porté par un homme qui évolue revêtu d’un costume féminin, fabriqué dans différentes espèces de raphia ayant une signification symbolique associée à la notion de mort. Accompagné de tambours, de sanzas, de gaines de couteaux, il privilégie durant la danse les gestes gracieux, les mouvements censés être féminins, comme les rotations du bassin. Le masque et ses accessoires sont ordinairement cachés par le danseur dans une hutte à l’extérieur du village ou dans un panier dans sa propre demeure. Considéré comme une personne, le masque est souvent enterré à la mort du danseur. C’est généralement son neveu qui lui succède; il commande un nouveau masque à un sculpteur professionnel. Dimensions : 33 x 27 x 16 cm Matériaux et techniques : Bois et raphia - Taille / Peint (1850 (?) - 1914)


Institution

Musée L
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Collection

Collections permanentes
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Type de ressource
Objet physique
Date de création
1850 - 1914
Auteurs, contributeurs et éditeurs
Tshokwe (peuple). Auteur
Thèmes
Art africain, Masque, Tête, Objet lié aux coutumes et traditions, Bois, Religion primitive, Fétichisme, Animisme, Danse, Symbole, Résine, Matériel d'origine végétale, Transformation corporelle, Tatouage
Lieux
Afrique, Afrique du Nord, Égypte
Identifiant de l'objet
MAR-LLN-A51

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