Siège à cariatide Kihona

La femme en position debout supporte une tablette aux bords dentelés. Son visage ovale aux yeux fermés a une expression intériorisée et repose sur un long cou annelé caractéristique de l'atelier Honga. Le corps longiforme porte un décor noirci au fer rouge. Ce siège est un emblème royal plutôt qu'un objet fonctionnel. Il servait de réceptacle à l'esprit du roi et était conservé en secret. Sorti lors des rites d'investiture, il était placé sur une peau de léopard pour empêcher que le nouveau souverain ne touche le sol. Le roi s'y asseyait pour prêter serment et s'adresser pour la première fois à son peuple. La position de la femme cariatide, assise à même le sol, fait d'elle "un intermédiaire entre les forces telluriques et le monde des vivants. Elle se présente donc comme l'intermédiaire autorisé entre le pouvoir du chef assis sur le trône et celui des ancêtres et des génies" (Neyt, 1993). C'est en tant qu'intermédiaire qu'elle est parée des emblèmes de haut rang : coiffure élaborée en forme de croix et scarifications. La femme évoque ainsi la continuité ancestrale et le pouvoir politique dont le chef est investi. Elle joue un rôle similaire à celui de la calebasse de kaolin, mboko, car elle indique que celui qu'elle porte est investi de l'autorité sacrée qu'elle lui a transmise. Certains sièges à cariatide étaient d'ailleurs utilisés pour déposer le mboko reçu lors de l'accession au pouvoir. La figuration de cette femme rappelle aussi la pratique ancienne du trône vivant (le roi était assis ou couché sur ses esclaves). La position des jambes repliées vers l'arrière de la statuette est le signe de son allégeance à l'autorité royale. Dimensions : 50 x 22,5 20,5 cm Matériaux et techniques : Bois (1850 (?) - 1914)